Les Amants d’Outre-Tombe (John McNaughton , 2005)

D’après Haeckel’s Tale de Clive Barker
Réalisateur : John McNaughton
Origine : États-Unis
Année de production : 2005
Durée : 59 min
Distributeur : NC
Interdiction : Aucune
Interprètes : Derek Cecil, Leela Savasta, Tom McBeath, Steve Bacic

Ernest Haeckel trouve refuge dans une cabine isolée au cœur de la campagne sauvage de la Nouvelle Angleterre. Il reçoit pour consigne de son hôte de ne sortir sous aucun prétexte. Alerté par les pleurs d’un bébé qui se mêlent à d’horribles gémissements, Haeckel désobéit et se retrouve au cœur d’une orgie peuplée de morts-vivants…

En 2005, l’acteur, réalisateur, scénariste et producteur Mick Garris (à qui l’on doit, entre autres, Psychose IV et La Nuit Déchirée, ainsi que la seconde adaptation télévisée de The Shining) eut l’idée brillante de réunir treize réalisateurs fétiches du cinéma d’horreur, tels que Stuart Gordon (Reanimator), John Carpenter (The Thing), Tobe Hooper (Massacre A La Tronçonneuse) ou encore Dario Argento (Suspiria),dans le cadre d’une série télévisée intitulée Masters Of Horror ; chacun de ces « maîtres » de l’épouvante se voyant confier un épisode de la série. Parmi eux, Les Amants d’Outre-Tombe, adaptation cinématographique de la nouvelle Haeckel’s Tale de Clive Barker (Hellraiser ; The Midnight Meat Train) réalisée par John McNaughton (Henry, Portrait d’un Serial Killer). A la base, cet épisode de 59 minutes devait être réalisé par un certain George A. Romero qui se désista par la suite pour des raisons qui demeurent encore obscures, certains évoquant des divergences artistiques, tandis que d’autres affirment qu’il était à l’époque trop occupé par la promotion de son tout nouveau film, Land Of The Dead. Quoi qu’il en soit, Les Amants d’Outre-Tombe se présente comme une œuvre « en association avec George A. Romero », bien qu’il demeure assez difficile de mesurer le degré d’implication réel du Père des Morts-Vivants dans ce projet.

Les Amants d’Outre-Tombe est un conte baroque sur le thème de la résurrection : Ernest Haeckel, jeune étudiant en médecine obsédé par la possibilité de vie après la mort, se livre a des expériences plus que douteuses sur des cadavres jusqu’à ce qu’il rencontre un mystérieux nécromancien dénommé Montesquino qui se déclare capable de ressusciter les morts au prix du sacrifice d’une année de sa propre vie. Dès lors, Haeckel, qui jusqu’à présent n’avait foi qu’en la science, va se trouver au cœur d’évènements défiant toute logique scientifique qui l’amèneront à revoir son jugement.

Cet épisode, assez différent des douze autres, commence plutôt bien : après une scène d’introduction captivante dans la digne lignée des films gothiques de la Hammer, nous faisons la connaissance d’Haeckel, sorte d’Herbert West des Temps Anciens qui se rebelle contre les autorités de son époque qu’il considère dans l’erreur car encore trop influencée par la religion catholique. L’opposition entre la foi religieuse ou la magie noire et le scepticisme matérialiste reste très intéressante car toujours autant d’actualité, l’expérience de la mort renfermant encore bien des secrets qui continuent de déchainer les passions. L’épisode se plait à entretenir le mystère autour des pratiques nécromanciennes et du passé de chacun des personnages, ce qui parvient à capter et maintenir l’attention du spectateur à peu près jusqu’à la moitié du film.

C’est à partir de cet instant que tout commence à partir en sucette : lorsque Haeckel fait la rencontre d’un vieil homme marié à une femme beaucoup plus jeune et belle que lui qui passe le plus clair de son temps à scruter l’horizon avec mélancolie. La jeune femme au comportement étrange s’avère en réalité être une fervente adepte de la nécrophilie qui attend impatiemment de se livrer à son hobby favori : partouzer en compagnie de zombies encore chauds à qui la rigo mortis semble bien utile… A partir de ce moment, vers la quarantième minute du film, la tension retombe net pour laisser place à une ambiance se voulant glauque et malsaine du fait de son concept assez provoc’ de sexe craspec avec des zombies. Malgré tout, le malsain n’est pas tellement au rendez-vous, les scènes racoleuses se succédant sans grand intérêt tout en nous faisant la promo de la jolie plastique de l’actrice Leela Savasta. On aurait aimé peut-être un traitement un peu plus subtil de la part du réalisateur de Henry, Portrait d’un Serial Killer qui semble ce coup-ci avoir voulu trop en faire. Certes, les zombies sont pas mal (Greg Nicotero à la barre), bien qu’ils n’apparaissent qu’à partir des quinze dernières minutes de l’épisode… On a même droit à un bébé zombie à la Braindead, plus amusant que réellement effrayant car pas vraiment crédible niveau maquillage. Quant à la fin, eh bien elle enfonce un peu plus l’épisode en sombrant dans le grand-guignol, avec son retournement de situation pas vraiment surprenant qui tombe plutôt à plat. Dommage…

En définitive, si Les Amants d’Outre-Tombe est loin d’être le meilleur des épisodes de la série, il a le mérite d’avoir su se différencier du lot de par son traitement baroque d’une histoire originale et son suspense très prenant. Dommage que le dénouement final ne soit pas à la hauteur du reste. On peut toutefois se demander ce qu’il en aurait été si Romero avait poursuivi le projet… Du sexe chez les morts-vivants ? Pourquoi pas…